Les Carnets du sous-sol

Jon Osler vit actuellement à Moscou, il y enseigne l’anglais et y apprend le russe. Son blog souligne les particularités fascinantes perçues par « An Englishman in Russia. »

Descendant l’escalator menant vers la station Medvedkovo, j’entends pour la première fois le gigantesque métro de Moscou. Les vieux trains soviétiques font un bruit semblable à celui d’un avion de chasse. Je suis alors reconnaissant de porter ma chapka, un chapeau Russe avec de longues oreillettes moelleuses qui me permettent de réduire le son à un niveau plus supportable. En arrivant en bas de l’escalator, la plate-forme du métro s’ouvre à moi et j’ai un premier aperçu de la grandeur du métro moscovite.

OLYMPUS DIGITAL CAMERACopyright © 2016 Jonathan Osler

Je n’ai que peu de temps pour profiter de cette station d’une beauté à couper le souffle dans la mesure où mon guide et collègue de la journée me conduit rapidement à bord du train. En heure de pointe, les trains circulent toutes les 90 secondes et il est rare d’attendre plus de 3 minutes. Cela est essentiel pour le bon fonctionnement du trafic puisque le métro de Moscou transporte environ 9 millions de personnes par jour, soit plus que les métros de Londres et de New York réunis.

OLYMPUS DIGITAL CAMERACopyright © 2016 Jonathan Osler

Une fois à bord, des détails me frappent. Les passagers n’enlèvent ni leurs chapeaux d’hiver ni leurs foulards. Au fil du temps, je comprends que les Russes détestent le froid. Leur sort est manifestement cruel et ironique. La plupart sont habillés de vêtements sombres. Les différentes nuances de marron de leurs vêtements correspondent aux couleurs terreuses de l’intérieur du train. Seuls quelques jeunes rebelles osent résister à la tendance en portant des vêtements lumineux et colorés. Par ailleurs, le nombre de personnes âgées à bord me choque. Une amie russe m’explique que contrairement à l’Europe de l’Ouest, la plupart des retraités russes sont bien souvent pauvres et ne peuvent se permettre de disposer d’une voiture, chose que nous tenons pourtant pour acquis dans l’Ouest. Elle ajoute que cela explique également pourquoi ce sont exclusivement les jeunes qui fréquentent les bars et les cafés russes.

Au cours des jours suivants, je profite de l’occasion d’explorer et de photographier les stations moscovites ornées de lustres, de statues, de colonnes de marbre et de mosaïques de plafond, lesquelles nous renseignent alors sur l’histoire soviétique.

OLYMPUS DIGITAL CAMERACopyright © 2016 Jonathan Osler

En octobre en 1941, à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution, Staline a, au sein de la station Mayakovskaya, encouragé l’assemblée de dirigeants du Parti communiste et les Moscovites à défendre la Russie contre les nazis. La station Mayakovskaya date de 1938. 34 mosaïques ovales ornent son plafond et ont pour thème « un jour dans le ciel soviétique ».

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Copyright © 2016 Jonathan Osler

En 1955, en hommage à Vladimir Ilitch Lénine, le métro de Moscou prend son nom. Les mosaïques et les statues représentant ce célèbre chef révolutionnaire et soviétique abondent dans le métro. Au contraire, dans le cadre du programme de la déstalinisation mis en place par Khrouchtchev, les représentations de Staline ont été retirées en 1956.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Copyright © 2016 Jonathan Osler

Beaucoup de stations construites pendant la Guerre Froide sont très profondes et ont été conçues comme des abris en cas d’attaque nucléaire. À 84 mètres sous terre, la station Parc Pobedy est la plus profonde et l’accès s’y fait par le plus long escalator d’Europe, un escalator de 740 marches !

OLYMPUS DIGITAL CAMERACopyright © 2016 Jonathan Osler

Contrairement à Londres et Paris, le métro de Moscou est dépourvu de panneaux et d’affiches publicitaires. Peut-être est-ce en guise de clin d’œil aux ancêtres soviétiques qui ont conçu ce géant souterrain. Il est aussi agréable de constater que le métro est dépourvu de graffitis et de vandalisme qui gâchent pourtant d’autres métros du monde.

Malheureusement pour l’homme occidental, les panneaux de signalisation ou d’information et les plans ne sont pas traduits dans l’alphabet latin. En dépit d’avoir appris le cyrillique Russe avant d’arriver à Moscou, décoder les lettres du nom de chaque station s’avère être de prime abord une tâche plutôt laborieuse et quelque peu intimidante. Toutefois, les mots russes se prononcent comme ils s’écrivent de sorte que cet exercice devient rapidement plus simple.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Copyright © 2016 Jonathan Osler

J’ai le privilège d’emprunter quotidiennement ce trésor soviétique qu’est le métro moscovite. Il combine l’ingénierie, l’architecture et l’art. Pour cet Anglais en Russie, il s’agit réellement de l’une des merveilles du monde moderne.

Jon Osler, Un Anglais en Russie

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *